Napoléon III la France et Nous, de Maxime Michelet

Mon avis sur "Napoléon III, la France et nous", de Maxime Michelet, éditions "passés/composés".Niii la france et nous

Bonjour à tous,

Le 23 février 2023, je vous parlais de l'excellent ouvrage de Thierry Lentz, sur Napoléon III. Je vous invite à vous reporter au commentaire écrit à ce moment-là.

Comme je suis un peu perfectionniste, j'aime fouiller un sujet et consulter d'autres sources, pour avoir une idée plus exacte.

Cette fois, l'essai de Maxime Michelet confirme et complète ce que j'avais perçu lors de ma lecture précédente.

Voilà donc un deuxième historien (et il y en a d'autres), redécouvrant Napoléon III, qui fut à la fois le premier Président de la République Française (la deuxième république), et notre "dernier Empereur".

On est loin de sa légende noire, construite de toutes pièces par la IIIe République, qui a voulu se parer de vertu en noircissant le régime qui l'avait précédé, afin surtout d'échapper à toute critique.

C'est Louis-Napoléon Bonaparte, qui le premier dans l'Histoire de notre pays, fit campagne, avec des livres traitant d'économie et de social pour convaincre non pas l'élite du pays, mais l'opinion générale, pour l'élection du président de la IIe République. C'est lui qui exigea que l'élection se fît au suffrage universel, alors que les parlementaires républicains y étaient opposés. Et il fut élu !

C'est lui qui s'opposa aux Républicains quand ils votèrent l'exclusion d'une grande partie de l'électorat ouvrier (en exigeant pour voter de demeurer pendant trois ans au même endroit, alors que les ouvriers de l'époque se déplaçaient souvent, de chantiers en chantiers, notamment de chemin de fer).

Son coup d'État de 1851 eut justement pour motif de contrecarrer les intentions des parlementaires qui voulaient empêcher sa réélection et limiter les droits du peuple.

C'est lui qui fit voter, contre les pressions de la grande bourgeoisie, le droit de grève en 1864, et la liberté de constituer un syndicat, ce que la troisième république abolira très vite.

C'est lui qui fit progresser constamment les règles démocratiques, après une phase autoritaire pour mettre en place les réformes, et dès 1860 l'Empire assouplit la liberté de la presse, et le droit du travail. Les Français, à chaque fois consultés par plébiscite (on dirait aujourd'hui référendum) accordèrent à l'Empereur leur confiance pour des réformes toujours plus favorables à la liberté.

Le dernier "référendum", celui de mai 1870, réduisait à un rôle d'arbitre, à la manière de toutes les monarchies parlementaires actuellement en Europe, comme la Grande-Bretagne, l'Espagne, la Hollande, le Danemark ou la Suède, le rôle de l'Empereur, qui se soumettait en tout à l'Assemblée Nationale, tout en se réservant d'en appeler au peuple pour trancher un différend d'importance.

C'est l'Assemblée Nationale, soutenue par l'intelligentsia de l'époque, dont Gambetta, Hugo, Zola et Jules Ferry, qui exigea la guerre avec la Prusse en août 1870, alors que Napoléon III n'en voulait pas, l'accusant de "faiblesse". On connaît le résultat : 500.000 Prussiens écrasèrent 250.000 Français, et on perdit l'Alsace et la Lorraine, qui allait nourrir la haine de la revanche!

La propagande républicaine de la IIIe République nia la responsabilité des républicains de l'Assemblée et accabla l'Empereur. La légende noire était née.

Pourtant, c'est sous Napoléon III que la France a économiquement décollé, multipliant sa production industrielle dans d'incroyables proportions. Nous lui devons tout le réseau de chemin de fer d'aujourd'hui (à l'exception bien entendu du TGV), une explosion des échanges internationaux par voie maritime, un Paris profondément remanié et assaini qui devint la plus belle ville du monde.

Les Expositions Universelles, les progrès techniques et scientifiques favorisés qui vont fleurir tout au long de son règne.

Une législation sociale en avance sur son temps et imposée par l'Empereur contre les grands intérêts capitalistes.

Voilà ce que rappelle Maxime Michelet dans son livre, en plus de beaucoup d'anecdotes passionnantes sur cette époque.

Et la question qu'il pose est la suivante, alors que Napoléon III est mort en Angleterre, et y est modestement enterré :

Allons-nous enfin le réhabiliter, transférer ses cendres en France, où il aura une sépulture digne de l'œuvre exceptionnelle qu'il a accomplie ?

Ou allons-nous continuer à gober les mensonges de la IIIe République, à bien des égards réactionnaire, et bien moins démocratique que le précédent régime?

L'Histoire de France est un tout. Elle n'a ni commencé en 1789 ni en 1870. Qu'ils aient été rois, empereurs ou présidents, nos dirigeants ont compté de grands hommes, et d'autres médiocres.

J'ai le sentiment que ce sont ces derniers qui sont plus fréquents aujourd'hui, même s'il y en a eu dans le passé non-républicain.

Je crois pourtant fondamental que l'on célèbre et admire ceux qui ont fait leur devoir, ceux qui ont été en avance sur leur temps, ceux qui ont travaillé sans relâche à la grandeur de la France. Et ceux-là ont été roi, empereur ou président. Sachons les trier, et une fois la sélection faite, accordons-leur une place dans notre Panthéon commun, sans exclusion.

Bonne journée à tous

Jean Notary

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