Les Promises, de Jean-Christophe Grangé

Les promises

Mon avis sur "Les Promises" de Jean-Christophe Grangé.

Le livre de poche.

Bonjour à tous,

Jean-Christophe Grangé est un auteur majeur du thriller noir : à son actif, vous avez certainement lu ou bien seulement (ce qui est dommage) vu les adaptations de ces principales oeuvres :

Les rivières pourpres.

Le vol des cigognes.

L'empire des loups.

Cette fois, Grangé nous fait voyager dans l'univers glauque du nazisme allemand, à Berlin, juste avant et au début de la deuxième guerre mondiale, avant qu'il ne triomphe partout en Europe, et ne s'éteigne comme un grand incendie, ne laissant que ruines et malheur autour de lui.

On plonge aux racines du nazisme, où des soudards illettrés recrutés par le parti d'abord comme SA (sections d'assaut) avant d'être dissous sont remplacés par les SS et leur bras policier : la Gestapo. Grangé les décrit ainsi, mais je pense que le portrait n'est en rien imaginé, mais plutôt fidèle à la réalité d'alors.

Ils ont en commun d'être très loin de l'idéal aryen fantasmé par Hitler, de l'homme blanc sportif et sain, mais constituent plutôt un ramassis d'imbéciles, violents, désoeuvrés, ivrognes, de désespérés, ou bien, comme c'est le cas d'un des principaux personnages du roman (Franz Beewen), un fils de paysan pétri de vengeance à l'égard des Français qu'il accuse (à tort, il l'apprendra plus tard) d'avoir gazé son père pendant la guerre de 14-18 (alors que ce sont les Allemands de son régiment qui, l'utilisant contre les Français, en ont été eux-mêmes victimes à cause d'un changement d'orientation du vent).

Ce traumatisme de la défaite de 1918, jamais digéré, alimentera une soif de revanche dont se servira le IIIe Reich pour galvaniser ses troupes.

Mais l'histoire du roman est originale, car si le fond du décor est connu, et l'issue de la guerre qui approche, l'action se situe dans un Berlin rarement décrit, ce qui fait pour moi tout son intérêt.

De grandes dames mariées à de hauts dignitaires nazis sont assassinées sauvagement, et ont en commun de faire partie du même cercle bourgeois de l'hôtel Adlon, où l'on ne rentre que dûment accrédité.

Elles fréquentent toutes également un psychanalyste (Simon Kraus), qui accessoirement, devient leur amant, et les fait chanter pour de l'argent en menaçant de révéler leurs confessions de divan.

Il ferait un suspect très convaincant non?

Mais les choses sont plus compliquées et tordues qu'il n'y paraît. L'enquête est confiée à Franz Beewen de la Gestapo, en toute discrétion, lui qui rêve de partir pour la Pologne se battre et bientôt contre la France, et qui ne connaît rien à la direction d'une véritable enquête criminelle. La Gestapo n'a habituellement pas pour mission de retrouver de vrais criminels, mais d'en fabriquer à sa guise, et cette inversion de mentalité va transformer ce personnage essentiel au point de l'éloigner de l'idéologie nazie qu'il sert pourtant depuis des années.

C'est là un point remarquable du roman.

Finalement, on se résout à trouver à Beewen des circonstances atténuantes, et sa métamorphose nous interpelle (facilitée par l'équipe qu'il finit par constituer pour l'aider à trouver le coupable, qui comprend le psychanalyste Kraus et la psychiatre Mina Von Hassel, baronne alcoolique qui porte un des plus grands noms d'Allemagne).

Un authentique nazi des origines peut-il au final se racheter (sans chercher à le faire par intérêt, car on en est qu'au tout début de la guerre et bien avant la défaite)?

Arrivera-t-il avec ses partenaires insolites à percer le mystère de ces meurtres, quand le parti nazi, d'abord demandeur, cherche à entraver son action quand il remonte trop haut dans la hiérarchie du Reich?

Le suspense, comme toujours chez Grangé, est magistral. Personnes sensibles s'abstenir.

L'atmosphère de 1939 à Berlin est très bien rendue.

Si vous aimez Grangé, et ce style de roman noir, je vous le conseille.

800 pages... Mais quand on commence on ne s'arrête plus.

Bonne journée

Jean

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