Mon avis sur le livre "L'Abyssin" de Jean-Christophe Rufin, éditions Folio, 699 pages.
Jean-Christophe Rufin, médecin, ancien ambassadeur au Sénégal, élu à l'Académie française en 2008, est un de mes auteurs préférés. J'ai déjà eu l'occasion de donner mon avis sur certains de ses livres.
Si vous aimez la belle littérature, non dénuée d'humour et de légèreté, vous aimerez tous les livres de l'auteur.
Éclectique, Rufin peut aussi bien vous entraîner dans la série des énigmes d'Aurel le Consul, personnage atypique et cocasse, que vous faire partager son expérience personnelle sur les chemins de Compostelle (dans "Immortelle randonnée", livre sur lequel j'ai déjà écrit un avis). Il obtint le prix Goncourt pour "Rouge Brésil".
Cette fois, avec "L'Abyssin", vous serez entraînés dans une grande aventure humaine, une histoire d'amour, dont l'action se situe essentiellement en Egypte et en Abyssinie (d'où le titre), au tout début du XVIIIème siècle.
L'Histoire est belle, instructive, et l'écriture délicieuse, pour ceux qui aiment la langue française dans toutes ses subtilités, sans être pesante ou prétentieuse.
Jean-Baptiste Poncet est un jeune Français, vit au Caire, et exerce la médecine sans y être vraiment autorisé, parce qu'il n'en porte pas le titre, mais avec une bien plus grande efficacité que ceux qui sont issus de la "Faculté". Assisté par Juremi, un autre Français, Protestant exilé, devenu son ami, qui joue le rôle complémentaire d'Apothicaire, il est apprécié par beaucoup, et notamment le Pacha qui fait appel à ses services.
Poncet est de basse extraction, et ne peut approcher la fille de l'Ambassadeur du roi de France, Alix, qui vit quasiment cloîtrée à l'ambassade, sous l'étroite surveillance de ses parents qui ne peuvent imaginer pour elle qu'un beau parti, pour ne pas déroger à leur rang.
Mais l'amour ne connaît pas de limite et les jeunes gens, qui se sont à peine entrevus, de loin, n'auront de cesse d'abattre les obstacles qui les séparent. Jean-Baptiste en vient à manigancer un plan audacieux, celui de s'imposer dans une mission périlleuse d'ambassade du roi de France auprès de l'Empereur d'Abyssinie, le fameux Négus, qui est Chrétien mais a rejeté depuis longtemps les Jésuites de son pays, par trop envahissants. Par ce biais, s'il réussit, il imagine être anobli par le roi et devenir par conséquent un parti acceptable pour le père d'Alix.
S'ensuivent de belles aventures que vous découvrirez en voyageant à la fois dans le temps et dans l'espace, grâce au style de Rufin qui sait mettre des mots sur les sensations et vous permet d'imaginer parfaitement les lieux, les personnages, sans avoir besoin d'aucune image pour cela. C'est là le talent des vrais écrivains.
Un beau roman pour l'été, pour tout oublier, et Dieu sait qu'on en a besoin aujourd'hui...
Bonne journée à tous !
Jean Notary