BOURGET

Paul Bourget, écrivain, essayiste, romancier,

Membre de l'Académie Française,

1852-1935

Paul bourget

NDLR : Paul Bourget est assurément un grand écrivain. Son œuvre a cependant été critiquée, parfois férocement, en raison de son contenu idéologique dérangeant d'autres courants idéologiques opposés. On dit de lui qu'il faut lire ses romans de la fin du XIXème siècle et du début du XXème pour avoir une idée très exacte de l'état de la société et des moeurs de l'époque. Né Ardéchois, il perd sa mère à six ans, aura des relations difficiles avec la nouvelle femme de son père, ce qui endurcira sa personnalité. Brillant élève, il "monte" à Paris, et fréquente très vite les salons parisiens, se fait des relations, notamment dans la haute société juive qui lui ouvre nombre de portes dans la grande bourgeoisie et les milieux artistiques. Il abandonne la foi catholique en 1867 pour y revenir en 1889 avec plus de conviction. La question des "races" et la "question juive", très présentes toutes deux dans les milieux intellectuels de cette époque, le portent à une recherche et une réflexion constantes. Il voyage dans le monde, s'instruit des différentes mœurs, les analyse, décortiquant les sentiments, les comportements, cherchant toujours une explication "scientifique", une relation d'appartenance, l'influence de l'héritage aussi bien génétique que social. La "race" pour lui ne fait pas nécessairement référence à l'ethnologie, mais aux origines de l'individu, son histoire, son milieu social. On se rapproche d'une notion "aristocratique" de la "race".  Il sera anti-dreyfusard ce qui le brouillera avec ses anciens appuis, non pas par antisémitisme, mais parce que pour lui l'armée ne saurait avoir tort. Membre de "l'Action Française" et de la "Ligue pour la patrie française", il refuse catégoriquement d'assister à des réunions où des slogans antisémites seraient lancés. Il soutiendra en revanche les positions les plus conservatrices et traditionnalistes de l'Église catholique apostolique et romaine, à travers ses romans comme "Le Disciple", "Le Démon de Midi", "le Divorce" qui forment des romans à thèse, où la psychologie des personnages sera particulièrement fouillée, au service de l'idéologie qu'il défend. Il se marie sur le tard (pour l'époque) en 1890 avec Minnie David, d'une famille juive d'Anvers convertie. Il représentera un courant nostalgique des valeurs de l'Ancien Régime dont il n'aura de cesse de déplorer le déclin et fustigera la République et la Démocratie dans la deuxième partie de sa vie jugées décadentes. Lui-même sera jugé par l'aristocratie et la grande bourgeoisie qu'il fréquente comme un écrivain certes brillant, mais n'appartenant pas à leur monde (pour ne pas dire "leur race"), restant en cela un "paysan ardéchois" dans ses réflexes et ses manières en dépit de ses efforts pour s'en éloigner. Il influencera enfin nombre d'écrivains, français et étrangers, par son style axé sur le détail et la psychologie (comme Maupassant, Heinrich Mann, Scott Fitzgerald, Henry James) ou par son contenu idéologique (Friedrich Nietzsche). Il sera toutefois qualifié de "mauvais maître", "modèle négatif", par des auteurs postérieurs à la première guerre mondiale, et son œuvre méprisée, avant une timide réhabilitation au début du XXIème siècle.

Parc plantier de costebelle

Le domaine du Plantier de Costebelle, près de Hyères, où il passe une grande partie de sa vie d'écrivain

Pe tain et bourget

Le Maréchal Pétain, à ses obsèques en 1935, avant la deuxième guerre mondiale. Il était encore "le héros de Verdun", pas le Chef de l'État Français du régime de Vichy honni après la Libération. Sa présence ici montre le soutien des milieux catholiques conservateurs, qui avaient pourtant jugé Bourget "tiède" et plutôt "centre-droit" voire "centre-gauche". Les époques changent...

 

 

 

 

"Il faut vivre comme on pense, sans quoi l'on finira par penser comme on a vécu".

Le démon de midi, conclusion

 

"New-York est bien la vrai Cosmopolis, non plus celle des oisifs et des dillettantes mais un monstrueux creuset où tous les aventuriers et tous les besogneux du monde entier, viennent se heurter, se mêler, se fondre, pour former un peuple nouveau - mais lequel? Se fondre? Cette intime mixture de ces éléments si peu réductibles, qui sont les races, s'accomplit-elle réellement?"

Outre-Mer, volume 1

 

« (...) Vous vous trouvez dans un salon, vous êtes avec une dizaine de personnes qui toutes parlent la même langue, sont habillées par les mêmes fournisseurs, ont lu le même journal le matin, croient avoir les mêmes idées et les mêmes sentiments. Vous les étudiez avec tout ce que vous savez de leurs origines et de leurs hérédités et, petit à petit, sous le vernis du cosmopolitisme, vous démêlez la race, l'indestructible race (...) »

Cosmopolis

 

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